dimanche 8 mai 2016

Le cauchemar Edgar Poe de Polly Shulman

Année d'édition : 2016
Edition : bayard
Nombre de pages : 351
Public visé :  Young Adult
Quatrième de couverture :
Au lycée, Susannah est surnommée " Sukie la Bizarre ". Il faut dire qu'elle vient d'emménager dans le manoir de sa grand-tante réputé hanté... et qu'elle est constamment suivie par le fantôme de sa soeur Kitty, décédée des suites d'une maladie. Depuis ce drame, ses parents ont perdu leur emploi ; voilà pourquoi ils se sont installés chez la vieille tante Hepzibah et pourquoi le père de Sukie doit vendre des objets au marché aux puces. Un jour où elle l'aide, deux jeunes gens lui réclament un vieux balai qui n'est pas à vendre : il s'agit d'Elizabeth et Andreas, qui travaillent au Dépôt d'Objets Empruntables de la Ville de New York. Cette extraordinaire bibliothèque n'accueille que des objets ayant un jour marqué l'Histoire ou la littérature. Or, Elizabeth est très intéressée par le manoir où vit Sukie, car il a été le théâtre d'une ancienne légende. Peut-être y reste-t-il des choses qui auraient leur place dans l'annexe Edgar Poe, spécialisée dans les romans fantastiques et d'horreur ? Sukie se renseigne sur cette fameuse légende : elle est extrêmement sombre, et il y est question d'un trésor disparu. Voilà qui pourrait régler les problèmes financiers de la famille... à condition que l'histoire ne soit pas fictive. C'est du moins ce que pense Sukie jusqu'à ce qu'elle pénètre dans le Dépôt et découvre que les merveilles qui y sont entreposées ont les mêmes pouvoirs que dans les romans dont elles sont issus...



Cela fait bien longtemps que je ne me suis pas frottée à l'exercice d'un retour détaillé et spécifique pour un titre de roman ; il a suffit d'un bel appât marketing pour me voir y revenir... comme je l'avais déjà écrit un peu plus haut dans ce fil de discussion, j'ai en effet craqué sur les couvertures de la série de romans de Polly Shulman avant même de découvrir l'univers de l'auteur.

Pour être honnête, j'ai eu le premier tome, La malédiction Grimm, entre les mains en février dernier et je l'ai reposé en me promettant de l'acquérir plus tard... autant vous dire que j'en ai plus que jamais l'intention après la lecture du 3ème opus de l'auteur, Le cauchemar Edgar Poe.
Louve, je te remercie encore une fois pour ce partenariat que je n'ai vraiment pas eu matière à regretter ! :amour:

Avant tout, je m'excuse si ce retour de lecture est un peu décousu : comme toujours quand j'ai adoré me plonger dans l'imaginaire d'un auteur, j'ai tendance à pécher par excès d'enthousiasme... et de l'imagination, je peux vous assurer que Polly Shulman n'en manque pas.

Je pense d'ailleurs que j'ai particulièrement apprécié ma lecture parce que j'ai retrouvé, dans ce texte, les qualités de ceux de Diana Wynne Jones : une grande fraîcheur, un côté "décalé", parfois même "absurde", tout à fait assumé et exploité, tout en abordant des sujets de fond qui touchent, l'air de rien. Ces deux auteurs ont aussi pour point commun de faire preuve de bienveillance envers leurs personnages, lesquels sont attachants, pour ne pas dire adorables (gros coup de cœur pour la tante Hepzibah !) ou parfois tête à claques, mais personne n'est parfait ! Du coup, je me suis retrouvée avec, entre les mains, le genre même de roman que j'adore.
Un roman rempli de poésie qui emporte, ouvre des portes, émerveille, tout en restant un roman d'aventures et de découvertes, bien rythmé ; je n'avais pas envie de reposer le livre, parce que je voulais savoir ce que Sukie allait découvrir, de quelle façon ses relations avec ses proches et le personnel du Dépôt d'Objets Empruntables de la Ville de New York allaient évoluer... si elle sauverait le manoir familial ou non et de quelle façon elle allait s'attribuer ses propres particularités (sachant que pour celles-ci, dès le départ, le lecteur est mis dans le bain : Sukie n'est clairement pas la jeune fille "commune" dont elle donne l'image).

Il faut ajouter à cela que l'auteur de ce cauchemar-qui-n'en-est-pas-un glisse sans cesse des références à ses confrères, en particulier ceux du XIXème siècle, de façon toute naturelle, afin d'expliquer l'origine de certains objets fictifs devenus réels. L'un des passages du livre m'a d'ailleurs fait rire, lorsque les personnages se font des nœuds au cerveau (et moi avec...) entre ce qui est fictif, réel, et tentent de comprendre des situations pour le moins illogiques. Je vous le dis tout net, il ne faut pas en chercher, de la logique, si vous aimez les choses claires et rigoureuses et que vous n'êtes pas capables de déconnecter pour rentrer à pieds joints dans le manoir Thorne, vous resterez sur le palier.

De même, si vous cherchez de la pure romance young adult (basique et niaise) vous serez déçus, pourtant ce roman n'est pas dénué de sentiments, loin de là. Ils ne sont pas forcément là où on les attend, souvent subtils, parfois violents, car c'est avant tout une histoire de famille, une famille très étrange ; Sukie n'a pas fini, loin de là, d'en découvrir l'extraordinaire origine mais ce qui compte pour elle, au final, ne serait-ce pas d'accepter de laisser partir sa sœur ?

Après cette lecture qui a été un grand bol d'air frais, j'ai aussitôt mis la main sur L'expédition H. G. Wells, le tome précédent, que j'ai tout autant aimé. Il ne me reste plus qu'à lire La malédiction Grimm, ce qui ne saurait tarder !
Oui, je les lis dans le désordre... ce n'est pas un problème, car c'est la dernière grande qualité de cette série : là encore, je retrouve ce que j'aime chez Diana Wynne Jones, à savoir un univers cohérent, des personnages d'un tome en guest star dans un autre, pourtant chaque volume se suffit à lui-même et peut se découvrir de façon indépendante. Vu que le 2ème volet est consacré aux voyages dans le temps, je me suis dit que je pouvais bien faire une entorse à la linéarité de ma lecture... et c'est passé comme une lettre à La Poste !

En résumé, je comprends que l'univers de Polly Shulman n'emporte pas tout le monde et que certains lecteurs ne partageront pas mon enthousiasme. Pour ma part, ses romans rejoignent mon étagère de livres feel good et je sais que je pourrai compter sur eux si j'ai besoin, un jour, de me remonter le moral en relisant une "valeur sûre".

Chronique de Roanne

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