Année d'édition : 2016
Edition : Edition du moment
Nombre de pages : 180
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Le cercueil du poète a été dérobé. Le pays tout entier est en émoi et la police, sous tension. L'enquête a été confiée à une jeune policière, qui trouve recours auprès d'un spécialiste de Brassens, à cheveux blancs et au caractère bourru. Deux tempéraments fiers, chatouilleux et irritables, mais contraints de s'entendre pour résoudre le mystère de la tombe profanée. Un voyage dans le monde de la chanson francophone, du suspense, de l'humour : un instant de Brassens.
Edition : Edition du moment
Nombre de pages : 180
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Le cercueil du poète a été dérobé. Le pays tout entier est en émoi et la police, sous tension. L'enquête a été confiée à une jeune policière, qui trouve recours auprès d'un spécialiste de Brassens, à cheveux blancs et au caractère bourru. Deux tempéraments fiers, chatouilleux et irritables, mais contraints de s'entendre pour résoudre le mystère de la tombe profanée. Un voyage dans le monde de la chanson francophone, du suspense, de l'humour : un instant de Brassens.
Un ouvrage atypique, rafraichissant et plein
d’esprit à l’image du héros malgré lui de ce roman ; le chanteur – poète
Georges Brassens.
Dans le cimetière du Py
à Sète, Mme Marguerite Huon s’en va rendre hommage à son idole de
toujours, Georges Brassens. Horreur face à la sépulture du chanteur,
celle-ci a été profanée et la tombe usurpée ! Une bien étrange affaire
qui saisit la France entière voire le monde. Sophie, une fliquette
trentenaire se retrouve à mener l’enquête, dont les indices demeurent
inexistants, flanquée d’un quinquagénaire héritier bourgeois spécialiste
de l’artiste. C’est le début d’une quête policière et d’une romance
rocambolesques riches d’hurluberlus.
Ce
polar humoristique n’est pas s’en rappeler les écrits de Gaston Leroux
et de son titre phare « Le mystère de la chambre jaune » probablement du
à cette ambiance désuète à la fois intense, légère et rétro. C’est
aussi et surtout une romance, une romance entre deux protagonistes, une
romance entre l’auteur et la langue française, entre l’auteur et les
auteurs – compositeurs – interprètes, une histoire d’amour des mots et
des belles phrases métaphoriques pour exprimer les plus nobles
sentiments de l’homme.
On a dit romance ?
Une romance à contre courant entre une fliquette amatrice de serial
killer ; Sophie Lavigne et un rentier au langage soutenu et poétique
libre de vivre pleinement sa ou ses passions dont les œuvres de Brassens
; Arnaud Rivière de la Botté. La rencontre est détonante, un brin
excessive ce qui l’a rend d’autant plus hilarante, quoi de plus opposé
qu’une jeune femme active dans un monde d’homme et un homme passif
œuvrant dans ses rêves et passions ! Et pourtant, à travers quelques
dialogues doux, poétiques et riches en métaphores, la belle se laisse
apprivoiser par les mots et les tirades du cinquantenaire qu’elle rend
libidineux maniant la langue et l’art des mots semble t-il d’un autre
temps.
On a dit enquête ? Certes, elle est bien là, mais plutôt servant surtout de contexte de fond pour valoriser l’artiste (voire les artistes)
mis en avant. Elle rame, manque d’indice et malgré son originalité,
elle est bien vite occultée par la relation des protagonistes et son
sujet principal : Brassens.
De Georges Brassens, on en apprend quand même beaucoup (si bien sûr nous ne sommes pas des érudits) ; ses oeuvres,
son côté anarchique, libre de penser et de les exprimer, libre de jouer
de son talent comme il le souhaitait. Un auteur-compositeur-interprète
souvent inspiré de la mort et ce qui l’entoure, des femmes et de ses
amours, de coquineries subtiles ou non, des sujets bien mis en évidence
ici. A côté de Brassens, trônent fièrement d’autres chanteurs du même
genre, des chanteurs d’une ancienne France des années 50-60, des auteurs
de talent aux jeux de mots très imagés, souvent coquins, sombres ou
ironiques sur la société de l’époque : Edith Piaf, Barbara, Léo Ferré,
Gilles Vignault, etc. De nombreux extraits de chansons sont cités et
toujours bien placés dans un texte court, écrit sur le même ton. Deux
« petits » extraits réalistes avec une pointe d’humour non négligeable
offre une réflexion sur la musique de l’époque :
« –
un interprète se doit de chanter juste et bien. En revanche, on
n’écoute pas un auteur compositeur pour la qualité de sa voix. Ce sont
des poètes qui sont – presque – dans l’obligation de chanter pour faire
entendre leurs poèmes. Guy Béart disait de lui-même qu’il avait une
absence de voix assez remarquable. Charles Aznavour, Pierre Perret,
Georges Moustaki n’ont jamais été loués pour la qualité de leurs voix.
Quand à Gilles Vignault, il fait parfois songer à un chanteur qui se
serait pendu à l’aide de ses cordes vocales ! »
« L’émergence
des auteurs-compositeurs-interprètes a révélé un véritable âge d’or
comme il n’en avait jamais existé, et comme, vraisemblablement, il n’en
existera plus ! Dans cette déferlante d’artistes de génie, on pouvait,
au cours d’un même mois, découvrir les nouveautés de Leclerc, Brassens,
Brel, Ferré, Béart, Ferrat, Barbara, Sylvestre, Lemarque, Trenet, et
tant d’autres… »
Ces extraits
permettent également d’apprécier un style certes caustique mais aussi
épousseté de l’auteur qui manie presque aussi bien l’art de ses muses.
Le roman est court mais il n’ a pas besoin de plus, on s’amuse beaucoup
avec cet ouvrage qui ne manque pas de jouer la langue de bois et les
ironies quelques peu incisives pour notre plus grand plaisir.
En
bref, un roman rendant hommage à Georges Brassens mais aussi à la
chanson francophone dans son paroxysme et à une langue française riche
et très imagée quand elle est subtilement maniée. Une richesse qui
malheureusement se perd peu à peu, les artistes de toute une génération
restant à ce jour inégalés… Le tout sous forme d’une enquête et d’une
romance écrites avec poésie et passion !
Je remercie Louve du Forum Mort Sure et son partenaire les éditions du Moment pour cette bien jolie découverte.
Chronique de Walkyrie
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