lundi 14 mars 2016

Sombre est mon coeur de Antti Tuomainen

Année d'édition : 2015
Edition : Fleuve edition
Nombre de pages : 395
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
À une heure de route d'Helsinki, entre l'immense forêt et la côte battue par les vents, Aleksi prend ses fonctions au manoir de Kalmela – un monde d'ombres et de silences...
Étrange nouveau gardien que ce jeune homme ténébreux, solitaire, traversé de désirs contradictoires.
Étrange également la ronde qu'il mène avec la cuisinière, mutique, et la fille de la maison, aussi hautaine que cajoleuse. Étrange enfin la complicité menaçante que lui impose son sulfureux patron, le millionnaire Henrik Saarinen...
Car Aleksi n'est pas là par hasard.
Vingt ans auparavant, sa mère succombait sauvagement sous un poignard anonyme – affaire classée pour tous sauf pour lui qui ne vivrait plus, désormais, que pour trouver des réponses.
Pour y arriver, il a tout sacrifié : son métier, ses désirs, jusqu'à l'amour d'une fille.
Cette obsession le dévore encore, aujourd'hui qu'il croit toucher au but.



Un thriller dépaysant, à l’atmosphère lourde et intimiste qui promet un dénouement inattendu. On passe un agréable moment !

Aleksi Kivi est un jeune trentenaire. Cet ancien charpentier voue une obsession à la mort inexpliquée de sa mère. Le corps de celle- ci n’a jamais été retrouvé et le mystère reste entier. En acceptant cet emploi de gardien, Aleksi espère s’approcher d’Henrik Saarinen, celui qu’il considère comme responsable de la mort de sa mère. Son arrivée au manoir est troublante et il plonge rapidement dans les méandres familiaux du site : entre la fille du maître des lieux, Amanda, obsédante ; la cuisinère Enni, silencieuse ; Markus, le chauffeur menaçant et ;  Henrik, oppressant.

Ce thriller a le mérite d’être percutant, le lecteur est tenu en haleine jusqu’à la fin, passant par différents états, cela même par lesquels passent le protagoniste principal, Aleksi. Difficile de ne pas s’identifier et s’attacher à ce personnage fort, impassible, relativement maître de lui-même, traînant une image erronée pour s’approcher davantage de sa cible. Quand on plonge le nez dans ce roman, on est imprégné de cette atmosphère si particulière, c’est dense, froid, humide, très intense et lourd. Lourd de sens, lourd en suspens, lourd de tout. L’auteur propose là un thriller captivant au sein d’une culture finnoise assez peu connue, de cette culture se dégage une ambiance vraiment particulière. La Mer Baltique en bruit de fond, un manoir gigantesque et ancien en lieu majeur, du vent et de la pluie froide qui vous frappent et vous happent dans une espèce de langueur, on est étourdi par les révélations, perdu face à ce personnage de prime abord menaçant, Henrik. Les faux semblants s’accumulent et les désillusions d’Aleksi avec.

Aleksi Kivi, ce jeune homme prêt à tous les sacrifices pour obtenir la vérité afin d’être enfin en paix, délaissant jusqu’à l’amour de sa vie, a cette espèce de charme magnétique, le personnage n’est pas un don juan, c’est un homme simple, sensible, à l’écoute, observateur, pourtant il attire et on est vite pris avec lui dans cette quête de vérité. Malgré les recommandations de Ketomaa, ancien policier ayant travaillé sur la disparition de sa mère, Aleksi décide de s’engouffrer dans la vie de celui qu’il considère comme le meurtrier de sa mère. Henrik, ce millionnaire au regard froid et au sourire machiavélique, une expression de psychopathe ou bien un homme imbu de son statut ? Ce dernier souhaite se rapprocher d’Aleksi, on sent que le danger rôde autour de ce personnage et pourtant, des doutes persistants sont aussi présents. Amanda, la fille ne semble pas étrangère à cette attitude. Cette dernière est écorchée, fausse, difficile à cerner. Les menaces viennent aussi du chauffeur, Markus, à l’attitude étrange et enfin, un manque probant de chaleur se dégage d’Enni, personnage très peu loquace et entièrement dévouée à son rôle de cuisinière.

Du côté du style de l’auteur, le texte est dynamique, les chapitres concis, on suit Aleksi dans son enquête actuelle et ses flash back passés, construits de manière à ne pas perdre le lecteur mais au contraire à lui divulguer ici et là des souvenirs, des réminiscences souvent intenses et chères au personnage principal, une manière encore de faire ressentir les choses finement à son lectorat. C’est intelligent et rondement mené, l’auteur joue la carte de la simplicité, il n’y a point de révélations spectaculaires mais tout est subtilité et intimité. Le tout se lit très bien, on ne butte pas mais on s’emmêle toutefois dans l’élucidation de ce(s) meurtre(s), l’écriture est claire, limpide et addictive. On ne se presse pas, on prend le temps de déguster ce texte, on est tout simplement immergé en compagnie d’Aleksi dans cette Finlande oppressante, jusqu’à la fin on tente de comprendre.

En bref, un bon thriller qui sait parfaitement mettre son lectorat en appétit et l’assoiffer de vérités !

Je remercie Louve du forum mort sure et les éditions Fleuves pour ce partenariat.
 
Chronique de Walkyrie

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