lundi 20 février 2017

Miss Peregrine et les enfants particuliers, hors série : Les contes des enfants particuliers de Ransom Riggs

Année d'édition : 2016
Edition : Bayard Jeunesse
Nombre de pages : 256 pages
Public visé : Young Adult
Quatrième de couverture :
Un recueil de contes qui est l'ouvrage de référence de Millard, d'un des enfants particuliers illustré par de véritables gravures sur bois de l'artiste Andrew Davidson.





Alors que contient exactement ce livre ? Des histoires pour endormir les enfants ? Des énièmes leçons de morales moralisatrices ? Des monstres qui vont venir hanter les dessous de lit ou les armoires ? Des héros beaux et forts qui viennent sauver les plus faibles et démunis ? Et bien, non pas vraiment. Ce livre contient dix contes, dix petites histoires qui viennent titiller votre imagination avec un peu de magie et votre sensibilité avec des vies dramatiques, dix histoires d’êtres particuliers, des moments de leur vie, leur fuite, leur exclusion, leur différence, leur choix de l’utilisation d’un don et des sentiments qui peuvent les animer la cupidité, la peur, l’espoir, la quête de soi, dix morales qui ouvrent à la réflexion, métaphores de la société et de l’être humain, dix contes qui viennent prolonger votre plaisir d’être immergé dans cet univers si particulier…

Millard Nullings est un enfant particulier, un de ceux élevés par Miss Peregrine, la célèbre Ombrune. Millard est intellectuel, intelligent et philosophe, il aime lire les différents ouvrages qui traitent des particuliers, de leur origine à leur bannissement, des textes qui lui parlent. Avec « Contes des Particuliers » dont le conte du Géant Cuthbert est très évoqué dans le tome 2 de la trilogie, il souhaite transmettre aux générations futures un peu de leur histoire en tentant de retranscrire ces contes perdus qu’il a tant lu dans son enfance. Ces contes sont censés sensibiliser les plus jeunes particuliers à ce qui les attendent dans le monde réel et les épreuves qu’ils devront affronter tant personnellement que face aux autres.

Pour cela, l’auteur fait appelle au conte de la première Ombrune qui protégera sa bagatelle de particuliers à l’aide de la première boucle temporelle, au conte de Cocobolo et ses marins, une île en fuite perpétuelle d’un genre bien particulier en effet, au conte relatant une affreuse guerre entre les humains et les pigeons avant qu’ils n’apprennent à cohabiter dans les plus grands édifices de l’homme, au conte d’une princesse à la langue fourchue rejetée malgré elle et qui cherche sa place dans son monde, au conte d’une particulière aimant plus les fantômes que les êtres humains, si vous aimez les vieilles demeures hantées, vous allez être servis, ou encore au conte des cannibales, innocents et pragmatiques, qui vont pourtant entraîner un village entier à leur propre perte, et quelques autres encore qui nous régalent.

Des contes qui traitent de thèmes différents, qui sont parfois très sombres, chose qui interpelle quand on s’habitue au style « Conte pour enfant » que l’auteur a choisi d’opter pour écrire ce livre, un contraste assez surprenant mais qui n’est pas sans rappeler la trilogie très sombre mais à l’écriture plus soutenue. Des contes annotés qui apprennent au passage quelques évènements historiques, qui précisent les choses, les recadrent, dans un but, je suppose, de maintenir une dynamique de lecture au lecteur.

L’objet livre est juste sublime, une couverture hard back, épaisse et d’une jolie couleur verte sublimée par les gravures dorées qui offrent quelques clins d’œil aux contes qu’il contient, l’intérieur n’en parlons pas, c’est du grand art, vraiment et du plus bel effet, chaque début de conte est joliment illustré par Andrew Davidson, la mise en page et le choix de la police magnifie le tout avec des enluminures sur les premières lettres de chaque conte, on a cette impression d’avoir un grimoire, un vieux livre qui attend de révéler ses secrets entre les mains, et le moins que l’on puisse dire c’est que c’est une réussite, on a envie de l’ouvrir, envie de le lire, et surtout envie de ne plus le lâcher.




On retrouve le style si particulier (sans jeu de mot) de l’auteur, Ransom Riggs a une très belle plume, pleine de douceur et de tendresse, un style d’écriture fluide et élégant, il se lit vraiment bien et avec plaisir, et manie sans aucun défaut l’art du conte, de sa chute et de sa morale. Ajouter à cela quelques annotations de l’éditeur ou de notre irrésistible Millard, et vous obtenez un livre vivant.

En bref, à travers sa trilogie et ses contes qui racontent l’origine et la vie des particuliers, la transition d’une belle époque où ils étaient libres avant d’être pourchassés, éradiqués, tués pour leur différence, pour ce pouvoir, ce don qui font d’eux des particuliers, l’auteur a certainement souhaité prôner la tolérance face à la différence, mettre en évidence certains défauts humains mais aussi l’entraide, l’amitié, l’amour, des valeurs sages et humaines, car certainement que quelque part, il convient de rappeler à tous que nous sommes tous des particuliers !

Je remercie Louve du Forum Mort Sure et son partenaire les éditions Bayard pour cette bien belle lecture.


Chronique de Walkyrie
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