samedi 23 novembre 2013

Flashback de Dan Simmons

Année d'édition : 2013
Edition: Pocket
Nombre de pages : 526
Quatrième de couverture :
Entre thriller et dystopie, le retour attendu de Dan Simmons à la science-fiction.

    2035. L'Amérique a beaucoup changé. Le Monde aussi.Nick Bottom, un ancien policier de Denver, à peu près ruiné, et qui vit d'allocations sociales, comme la plupart des Américains, est engagé par le multimilliardaire japonais Hiroshi Nakamura pour reprendre l'enquête sur l'assassinat de son fils Keigo et de la compagne de celui-ci, survenu six ans plus tôt. Nick a enquêtéà l'époque sur cette affaire mais depuis la mort de sa femme, Dara, dans un accident de voiture, il a quitté la police parce qu'il est devenu accro au flashback, une drogue illégale, réputée avoir été inventée dans un laboratoire israélien. Le flashback permet de revivre des souvenirs parfaits (en ce qui concerne Nick ceux de sa vie avec Dara, qui était policière comme lui). Toute l'Amérique s'adonne au flashback : c'est pour les plus jeunes le moyen de revivre leurs pires turpitudes et pour les plus vieux celui de retourner dans le monde idéal d'autrefois.
    Car l'Amérique, en faillite financière, politique et morale, s'est désintégrée. Le Nouveau Mexique a été envahi par les hispaniques de la reconquista et la Californie risque de l'être. Plusieurs États ont proclamé leur indépendance.
    Par ailleurs, la Chine a éclaté en Royaumes Combattants et des troupes américaines mercenaires y mènent comme en Inde des guerres de pacification sans espoir pour le compte du Japon néo-féodal. Israël a été détruit par onze bombes thermonucléaires et les quelques dizaines de milliers de survivants, accueillis par les États-Unis, ont été parqués dans des camps. Et surtout le Califat Global étend son emprise totalitaire sur l'ensemble de la planète...
    Dans ce contexte Nakamura tire son pouvoir non seulement de son immense fortune mais aussi de son rôle de conseiller plénipotentiaire (parmi d'autres) pour la reconstruction de l'Amérique, qui lui confère une autorité presque illimitée. Mais pourquoi tient-il tant à ce que Nick refasse une enquête qui n'a rien donné six ans plus tôt ?





Encore merci pour ce partenariat ! Une belle rencontre pour moi... je pense que mon retour de lecture l'exprimera bien.

Il y a des romans qui vous décrivent un monde post-apocalyptique… et des romans qui vous plongent en plein dans l’apocalypse. Flashback rentre plutôt dans la deuxième catégorie, tout en étant border-line.
Dans un autre registre, il y a des dystopies qui restent relativement superficielles, voir assez caricaturales, et d’autres qui vous font flipper par leur réalisme et leur vision d’ensemble. Flashback se positionne clairement dans la deuxième catégorie.
Vous l’aurez compris, ce roman m’a accrochée, tenue en haleine, marquée. En un mot, c’est un coup de cœur.

Je tiens à préciser, pour commencer, que Flashback n’est pas un simple thriller, c’est aussi un roman engagé. Cependant, je ne m’attarderai pas plus que nécessaire sur cet aspect car, si je partage visiblement certaines craintes de l’auteur, j’ai aussi pour d’autres aspects une sensibilité différente, pour ne pas dire opposée aux siennes. J’aime cependant la façon dont Dan Simmons a défendu sa vision, cela m’a fait réfléchir et ne m’a en aucun cas gâché le plaisir de lire son roman. En effet, l’intrigue de Flashback est très prenante et portée par des personnages que j’ai eu envie de suivre d’un bout à l’autre, quand bien même le nœud de l’intrigue en question tient à peu de chose et peut paraître léger (mais sans ça, pas de roman, donc j’aurais mauvais goût de m’en plaindre).

Imaginez donc un avenir relativement proche au cours duquel l’économie de l’Europe, des États-Unis d’Amérique et de la Chine s’est effondrée. Un avenir dans lequel le pouvoir, à l’échelle mondiale, s’est complètement déporté sur d’autres nations (Japon, Russie, Inde) ou communauté de nations (le Califat Global). Maintenant, zoomez sur ce qu’il reste des USA, en ruines à presque tous les niveaux.
Dan Simmons vous emmène à Denver, sur les traces de Nick Bottom, ex-flic accro au flashback, une drogue qui lui permet de revivre à loisirs les bons moments passés auprès de son épouse Dara, décédée 6 ans plus tôt. Cette drogue fait des ravages dans une population qui a tout perdu (ou presque). Nick est soudain tiré de sa torpeur par Nakamura, un riche japonais qui veut le faire travailler sur sa dernière enquête importante (classée sans avoir été résolue), à savoir le meurtre de son fils unique. Nakamura lui colle dans les jambes Sato, qu’il présente comme l’ancien garde du corps de la victime, qui a tout du samouraï moderne (avec toutes les options de suréquipement incluses, il ne fait pas dans la dentelle) et dont Nick n’avait jamais entendu parler à l’époque.
En parallèle, l’auteur nous transporte à Los Angeles, sur les traces de Val, le fils de Nick, qui menace de mal tourner à cause du flashgang avec lequel il traîne. Le concept d’un flashgang est simple et sans bavure : revivre sous flash les « coups » qu’on a fait (ou tiré…). Je vous laisse imaginer le genre de dérives que cela entraîne. Val est encore en équilibre précaire, trop éduqué pour abandonner son sens critique et suivre aveuglément le leader de son flashgang, mais dévoré par la colère.
Pendant que Nick se retrouve obligé de revivre sous flash des évènements qu’il ne demandait pas à revivre et qui lui font (re)découvrir des détails troublants, son fils glisse sur la mauvaise pente.
Mais alors que Los Angeles menace d’exploser dans une guerre des communautés, c’est le personnage le plus inattendu, le plus inadapté, qui va jouer le rôle le plus important. Léonard, universitaire et père de la défunte Dara, en charge de son petit fils depuis que Nick le lui a confié 5 ans plus tôt, va sortir l’ado de la ville à temps pour rallier Denver. Sans se douter un instant que Val porte sur lui des informations capitales dont il n’a même pas conscience…

La question intéressante posée par le roman, de mon point de vue, c’est de savoir comment nous réagirions, en tant qu’individus, dans une situation similaire. En cas de crise, on peut choisir de se retrousser les manches, afin de reconstruire et de poser de nouvelles bases pour l’avenir. Ou s’accrocher au peu qu’on parvient à sauver du marasme et continuer à s’aveugler. Mais lorsque l’on a perdu tout espoir ? Refuse-t-on une fiole de flashback ?

Chronique de Roanne

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