lundi 13 juin 2016

Nocturnes de Laurent Fétis

Année d'édition : 2016
Edition : Actu SF
Nombre de pages : 440
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
“Il lâche la hache sanglante qu’il tient entre ses doigts épais et me dit en face, le plus tranquillement du monde :
— J’ai pris beaucoup de plaisir.”

Au milieu des années 1990, Jean‑François Langley plonge dans la gueule de l’enfer à New York pour débusquer un serial killer et arracher à ses griffes des ados promis à une mort certaine. Mais derrière cet acte de bravoure et la célébrité qui en résulte, un autre piège l’attend, celui de la dépression. En quelques mois, il perd sa femme, son boulot et ses amis.
Alors un an plus tard, en quête de rédemption, il décide de repartir sur les lieux de son enquête et découvre des éléments nouveaux. Et si l’affaire n’était pas totalement terminée ?
Il entame dès lors un flirt avec la mort et la folie...



Jean François Langley est journaliste. Lorsqu'on lui a demandé en 1994 de se rendre à New York pour trouver un article à sensation, il demande des informations à l'un de ses contacts dans la police de New York. Depuis des semaines, des adolescents disparaissent sans laisser de traces. Si la police ne semble pas vraiment se soucier de l'affaire, c'est que beaucoup de jeunes fuguent chaque jour et la police ne dispose pas des effectifs nécessaires pour retrouver tous ces jeunes. Mais Langley pressent très vite qu'il y a autre chose qu'une histoire de fugue et lorsqu'il retrouve l'une des victimes, dans un état proche de la mort, il met les pieds dans une quête de la vérité qui va le surpasser et le choquer à vie...

Wahou ! Quel roman ! J'ai été prise aux tripes dès les premières lignes de ce roman et jusqu'au bout. Il fait partie de mes coups de coeur pour un tas de raisons et je vais tâcher de vous expliquer pourquoi ce roman m'a plu et surtout de quoi il parle, sans rentrer dans les détails, le but n'étant pas de vous spoiler mais que vous sachiez où vous mettez les pieds.

Nocturnes est un titre à priori étrange. Pourquoi un tel choix de titres ? On a la réponse en fin de roman et cela colle complètement. La couverture est évocatrice et de suite vous vous doutez que le roman portera en partie sur le sadomasochisme. Mais pas que. Il est ici question d'enfants qui disparaissent, de journalistes qui recherchent la gloire quitte à faire des choses illégales, de policiers dépassés qui choisissent les affaires qui selon eux méritent leur attention. Il est aussi grandement question de l'industrie du porno, du sado-masochisme et de la pédophilie. L'auteur mélange un tas de sujet dur et tabou pour proposer un thriller efficace et qui prend aux tripes. Le roman qui s'en rapproche le plus étant Ligne de Sang de DOA. La plume de Laurent est très visuelle, de sorte qu'on pourrait sans souci se passer le film du roman en toute facilité. J'ai beaucoup aimé le choix de l'auteur de diviser le roman en deux points de vue : le point de vue de Jean François avec utilisation de la première personne en 1995, moment où se déroule l'histoire. Et on revit le roman à la troisième personne lorsque Jean François raconte ce qu'il a vécu en 1994 et pourquoi il a basculé psychologiquement. Cela nous permet de mieux comprendre pourquoi il est si torturé. Car il l'est, assurément !

En 1994, Jean François est un journaliste qui a du potentiel. Heureux en ménage, fier de son travail, il est envoyé à New York pour écrire un article trash. Il va très vite enquêter sur la disparition d'adolescents liés à un trafic scabreux et violent. Plus il avancera dans son enquête et plus il aura la sensation de perdre la tête, d'imaginer certaines choses.

En 1995, Jean François est renvoyé à New York après avoir résolu une affaire difficile à lui tout seul, menant à l'arrestation d'un tueur en série pédophile et cannibale. Mais le journaliste n'est plus que l'ombre de lui-même. Devenu suicidaire depuis les macabres découvertes dont il a été témoin, Jean François s'en veut et s'estime responsable de la dernière victime. Mais surtout, il comprend qu'il doit rencontrer le tueur qui n'était peut-être pas seul pour commettre ces meurtres sanglant.

J'ai adoré le contraste entre le Jean François en 1994 qui fonce, qui cherche des pistes et qui a confiance en lui et ce journaliste qu'il devient un an après, suicidaire, solitaire, perdue et un peu fou. Mais qui ne le serait pas devenu face à tant d'horreur ? Les descriptions sont nombreuses, hard et sanglantes, a évitez aux âmes sensibles, sincèrement. C'est dur de dire qu'un tel roman peut être un coup de coeur face au contenu qu'il propose, mais j'ai été prise aux tripes dès les premières lignes pour en sortir complètement sous le choc à la fin tant je ne m'attendais pas à cela !

J'aurais énormément de choses à vous dire de ce roman qui fait tout de même 437 pages, mais je vais éviter de tout vous raconter même si j'en meurs d'envie parce que oui il surprend et si on aime quand le fantastique se mêle au thriller, alors c'est le jackpot. J'ai adoré le personnage très sombre de Jean François, homme désabusé qui n'attend plus rien de la vie et qui n'avance que dans un seul but : détruire l'origine de ce marché aux adolescents. Son combat est noble même si ses méthodes pour y parvenir ne sont pas totalement légales.

Les personnages qui gravitent autour de notre héros sont très sympathique aussi, j'ai bien aimé Xavier qui accompagne Jean François en 1995 pour le diriger secrètement vers une confrontation avec le tueur en série. J'ai adoré l'Ombre, cette femme secrète qui se cache derrière un écran d'ordinateur et qui guide notre héros dans sa quête. J'ai aussi trouvé le tueur en série intrigant et différent de ceux qu'on peut côtoyer dans les thrillers.

Nocturnes c'est un tout, un thrille fantastique efficace, menée avec brio, haletant et flippant, parfois bien crado et étonnant. Vraiment, j'ai été bluffée !

A lire si :- les héros dépressifs et suicidaires vous intriguent
- vous chercher un thriller surprenant et parfois très gore sur un sujet très difficile qui mélange le sado-masochisme, la pornographie et la pédophilie.
- Vous attendez d'un thriller une enquête poussée et complète qui vous surprend sur la fin

A évitez pour :
- les âmes sensibles
- si vous ne supportez pas les romans qui transforment les adolescents en victime.

Chronique de Louve

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