jeudi 19 septembre 2013

Fin(s) du Monde 20 récits pour en finir avec l'Apocalypse de Collectif

Année d'édition : 2012
Edition : Les Éditions des Artistes Fous
Nombre de pages : 343
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :  

Pour perpétuer la tradition, Les Artistes Fous Associés vous invitent à découvrir dans ce recueil 20 récits d’Apocalypse illustrés. Épopée cosmique et bouffonne en rimes et en vers, odyssée hallucinatoire d’un dernier survivant sans cesse rêvant d’un ailleurs hors du temps, recueil de fragments de vie étranges et menaçants dessinant la fin du monde façon puzzle, farce fellinienne sexuelle et féroce, et tant d’autres : venant des quatre coins de la francophonie, des auteurs et des illustrateurs débutants comme confirmés vous font partager leur imaginaire et une part de leur folie. Comme un baroud d’honneur face à l’anéantissement collectif.


Cette anthologie est aussi folle que sa maison d'édition se prétend être. En réalité, elle est très éclectique. On y trouve de tout : de la politique, du sexe, de la poésie, de l'allégorie, de la folie, de l'anticipation et bien sûr de multiples fins du monde.

Mon sentiment final est assez mitigé. J'ai eu l'impression que certains auteurs voulaient provoquer plus que régaler ou faire frémir le lecteur. J'avoue que ce n'est pas trop ma tasse de thé. Il y a tout de même de bonnes trouvailles. L'écriture, chaque auteur dans son style, ne prête pas à reproches. Ce sont les propos tenus qui m'ont parfois choquée. Hé oui, que vouez-vous, je dois être une âme sensible.

Lu en version électronique, j'ai pu profiter d'un texte supplémentaire. Je regrette par ailleurs que les illustrations soient si petites (en particulier lorsqu'on lit avec l'écran en mode paysage). On n'en profite pas assez.

Emancipation - Southeast Jones


Un huit-clos savoureux à l'intensité croissante. L'auteur montre bien l'angoisse du personnage, sa peur, puis sa terreur, jusqu'au soulagement final.
Bibliophobia - Mathieu Fluxe

C'est ici un monde personnel qui s'écroule. L'auteur exploite très bien la culpabilité en face-à-face avec la naïveté. Un très bon récit, plausible.

Ma fin du monde - Vincent Leclercq

L'auteur décrit ici la fin d'un être intrinsèque. Tout en psychologie, du désespoir au renouveau, il invite au changement, à l'espoir. Ce texte m'a semblé sous-exploité. C'est dommage.

Canicule - Adam Roy

Un texte où le personnage principal bascule dans la folie au cours de cette fin de monde annoncée. Ici aussi le crescendo est bien mesuré. Même le changement de style au cours du texte, comme un durcissement du discours, y contribue. La violence est sous-jacente à la folie. Le staccato des mots nous baigne parfaitement dans cette ambiance.

De terre et de sang - Herr Mad Doktor

Une belle allégorie de fin du monde. L'équilibre du texte est maintenu jusqu'à la chute qui conserve une belle sensibilité.

Clic ! - Souhteast Jones

Clin d'oeil à l'inattendu ou l'inattention... Au revoir, c'est déjà la fin.
La prophétesse - François Ali Wisard

Le cynisme dans toute sa splendeur, une rancoeur envers les femmes toute rafraîchissante. Du cliché en veux-tu, en voilà. Un texte qui, vous l'avez maintenant deviné, ne m'a pas vraiment passionnée :-)

Noxos - Aurélien Clause

C'est mon coup de coeur de l'anthologie. C'est un mélange parfait de poésie, d'action et d'introspection, le tout sur un fond de fin de monde très convainquant. Seul point peut-être pas assez développé, la source de ce cataclysme. Une très bonne nouvelle.
Contrat - Southeast Jones

Je crois que je n'ai pas compris où l'auteur voulait en venir. Car si l'antagoniste disparait à la fin (ou en tous cas ses motivations), quel était son intérêt au départ à pactiser avec le protagoniste ??? Un problème de logique pour moi, dans cette nouvelle.

Je meurs comme j'ai vécu - Vincent Leclercq

Très bon texte, drôle et lucide. Que ceux qui aiment les zombies s'y penchent !
Le carnaval de cobalt - Ludovic Klein

Ce type de nouvelle est intéressant. On ne comprend le propos de l'auteur que dans les dernières pages. Les indices sont disséminés mais ne se regroupent inconsciemment qu'à l'évocation de noms et à l'apparition progressive d'une illustration que je n'avais pas comprise au départ. L'auteur a pris de nombreuses libertés avec son sujet, mais c'est assez plaisant. Reste le fameux sérum... qui ne sert, à mon sens, pas à grand chose. La thématique aurait pu s'en passer.

L'apocalypse selon le prince Jean - Vincent T.

Il était tout à fait inutile de donner ce Nom pour montrer du grotesque. J'ai bien accroché à la nouvelle, jusqu'à ce que l'auteur se fasse partisan. Je ne lis pas de la science-fiction pour retomber dans des joutes politiques. La presse quotidienne me suffit pour ça.
Souvenirs - Vincent T.

Un bon concept, une bonne approche de la lutte contre la solitude post-apocalyptique. Il manque juste un contexte, un environnement.

Youpi, on va tous mourir ! - Marie Latour

Une approche rigolote mais tellement loufoque que pas un seul aspect n'est crédible. Les personnages sont faux et n'ont d'autre attrait que de savoir lequel ira le plus dans la surenchère de la supercherie. Je n'ai pas accroché du tout.
Khao-Okh - Ana Minski

La fin d'un monde après une apocalypse. : une mise en abyme intéressante. La société est bien décrite et le propos intéressant. Je regrette juste une fin peut-être un peu précipitée. Présentée comme ça et pour caricaturer : la libération par la mort, c'est limite apologie du crime... une philosophie qui aurait méritée d'être un peu développée pour enrichir le propos qui, j'en suis persuadée, ne suivait pas cette ligne.


Crises tentaculaires - Herr Mad Doktor

Poème ou avalanche de mots... Une suite d'idées, analogies cohérentes pour arriver à une chute incongrue. J'avoue ne pas réussir souvent à recaser le procédé de protase-apodose. Hommage au passage à ma chère professeur de français de 1ère (oui, c'est resté ancré dans ma mémoire). Un merveilleux exemple et en rime, je vous prie. Si je n'ai pas apprécié le sens du texte, la forme est superbe !

La deuxième partie est moins impressionnante.

Le club de la fin du monde - Maniak

Une fin du monde dans le stupre sur toile de fond de satanisme et messe noire. C'est très bien écrit, mais je suis passée totalement à côté du sens du texte. Quel était l'objectif, le message de l'auteur ? Je m'interroge encore. Le personnage principal est assez peu crédible : il ne montre pas la moindre surprise. S'il était si "innocent", il pourrait au moins se poser quelques questions, ou s'effrayer à un moment ou un autre... Bizarre
Clic 2 : Le gloublou - Ludovic Klein

Comment dire... Ca me rappelle l'histoire que ma fille (4 ans) me raconte, vous savez, l'histoire du petit roi : "C'est l'histoire d'un roi tellement petit, tellement minuscule, tellement microscopique, que l'histoire est déjà finie". Disons que cette fin du monde-ci est expéditive.

La fin d'un monde - Corvis

Du sexe encore et qui plus est totalement inutile. L'anticipation est intéressante, quoi que bien longue, mais est totalement gâchée par cet aspect. Pour le dire crument, la partie viol s'insère parfaitement dans le texte, mais la masturbation ne sert à rien du tout. L'atmosphère aurait été la même sans cette débauche d'orgasmes à tout-va. La chute m'a également un peu déçue. Elle est tellement précipitée que l'auteur oublie de nous donner son explication scientifique du phénomène. Comme d'autres avaient été fournies précédemment, elle manque vraiment, même s'il est assez facile au lecteur de se faire ses propres théories. Lire celle de l'auteur est toujours un plus, au dénouement au moins.
Le grand lamento - Diane (texte bonus dans l'édition numérique)

Un kaléidoscope de petites folies / dégénérescences du quotidien. Il est difficile d'y trouver une trame. L'auteur annonce d'emblée que ce sont des extraits, mais je n'ai pas pu m'empêcher de chercher une logique... en vain. Les dernières pages donnent une explication et a posteriori je le regarde comme une sorte de press book. Une lecture intrigante.


Chronique d'Alice

2 commentaires:

  1. Merci pour ces chroniques, merci aussi pour votre objectivité. Je vous donne rendez-vous dans quelques mois pour notre troisième anthologie. La folie en sera le thème.
    Southeast Jones

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  2. Merci pour cette sympathique chronique !
    Herr Mad Doktor

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