lundi 11 avril 2016

Au premier chant du merle de Linda Olsson

Année d'édition : 2016
Edition : L'archipel
Nombre de pages : 300
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Déception sentimentale ? Lassitude de vivre ? Élisabeth Blom s’est retirée du monde. Sitôt installée dans sa résidence de Stockholm, elle a débranché la sonnette et fermé sa porte à double tour. Porte à laquelle Elias, son voisin, se décide un jour à frapper, pour lui remettre son courrier. Car lui aussi s’appelle Blom… Cet incident sortira-t-il Élisabeth de sa pénombre ? Ou faudra-t-il attendre un drame – et l’intervention inattendue d’Otto, libraire à la retraite – pour faire entrer la lumière dans son appartement ? Au seuil de l’été nordique, le chant du merle annonce les beaux jours. C’est le thème, vibrant, de la partition nouée par Linda Olsson pour ces trois solitudes. Éloge du premier pas, ce récit d’une rééducation sentimentale est aussi une invitation au voyage nommé lecture.


« Au premier chant du Merle » est un roman magnifique, d’une douceur infinie évoquant la reconstruction de trois âmes esseulées ensemble à travers la lecture et l’art visuel et auditif. L’auteure a parfaitement su raconter la solitude extrême qui peut toucher n’importe qui, à n’importe quel âge et pour plusieurs raisons différentes :  un handicap pour l’un, une rupture pour un autre, l’absence d’amour pour le dernier. Un hymne à l’amour, à l’espoir et bien évidemment à l’art !

Elias Blom est un artiste talentueux, illustrateur de talent, de l’or dans les mains qui traîne depuis sa jeunesse un handicap ; il est dyslexique. Elisabeth Blom vit dans le noir, sans un bruit, extérieure au monde qui l’entoure avec pour seuls repas des sachets de soupes lyophilisés. Otto est un vieil homme, veuf depuis presque vingt ans, amoureux des livres mais qui se sent profondément ancré dans sa solitude. Et puis un jour, le facteur se trompe de destinataire pour une lettre, Elias tente alors un contact avec cette voisine que l’on n’entend pas et que l’on ne voit pas. De là, des échanges littéraires naissent, des amitiés se renforcent,  avec au cœur un projet autour du Merle dont dans le chant résonne l’espoir effaçant la solitude.

Difficile de trouver les mots pour décrire ce que l’on ressent à cette lecture, toute en simplicité certes, mais qui véhicule énormément d’émotions, de sentiments, il initie à la réflexion  sur la solitude mais aussi sur ces liens qui tendent à la détruire : l’amitié, l’amour, le sentiment d’exister pour quelqu’un d’autre. Linda Olmesson a une plume absolument fantastique parce qu’avec poésie et énormément de tendresse, elle dresse le portrait de trois personnes isolées chacun dans leur détresse, et qui grâce à une erreur épistolaire et une violente agression se lient les uns aux autres. Ce roman, c’est aussi une ode à la lecture car les échanges des uns et des autres, notamment Elizabeth et Otto qui ont un nombre incalculable de livres et qui savent parfaitement les choisir pour exprimer ce qu’ils ressentent, sont alimentés par la transmission d’œuvres littéraires. Otto raconte chaque semaine un livre à Elias qui ne peut les lire sans grande difficultés à cause de son handicap, Elizabeth offre des ouvrages pour exprimer ce qu’elle ressent, elle ne parle pas beaucoup et prend le temps de se livrer peu à peu.

L’évolution des personnages est probablement le plus intéressant et finalement ce qui compte dans ce livre. Elizabeth est recluse dans son appartement, seule, fuyante, ne cherchant aucun contact extérieur, on ne sait pas vraiment ce qui lui est arrivée, pourquoi elle se laisse aller comme ça et est sujette à des visions d’une Dame en vert. Elle s’ouvre peu à peu à Elias mais surtout à Otto. Ce dernier vit seul depuis plus de quinze années, il se rend compte que sa vie maritale n’a pas été très réussie avec une femme froide dont il n’était pas proche, cet immigrant autrichien ne sait finalement pas ce qu’est l’amour et cela le désole. Entre eux, il y a Elias, ce jeune homme, qui a déjà noué une amitié sincère avec le vieil homme et qui se met à penser à cette voisine, à l’imaginer et de là naît une idée, des illustrations, qui le transportent, une œuvre qui exprime autant de tristesse que de beauté, mais encore faut-il l’écrire et ça Elias en est incapable…

Si je devais retenir un défaut sur cet ouvrage, c’est probablement cette fin ouverte qui m’a laissé perplexe avec une pointe d’angoisse dans le cœur… Je l’ai d’ailleurs lu plusieurs fois pour être sûre. Je suis incapable de dire si ça finit bien ou pas mais les deux dernières pages laissent planer le doute. L’auteure a probablement décider de laisser le choix au lecteur, de le laisser imaginer l’avenir de ces personnages après avoir trouver une forme de bonheur ensemble. Personnellement, j’ai trouvé cela frustrant mais j’ai décidé de retenir le positif et ce qui m’a plu dans cette lecture assez magique dans le moindre atout surnaturel. C’est juste une belle histoire avec de beaux personnages et des réflexions justes, simples et pleines d’humanité sur la vie et ce qu’elle nous réserve, ce qu’elle offre, sur ces échanges entre personnes, sur cet amour que l’on se transmet, qui nous révèle les uns les autres.

En bref, une œuvre très touchante qui devrait parler à tout ceux qui se sentent seuls, à tous ceux qui sont sensibles à la lecture mais aussi aux formes d’expressions artistiques et à tous ceux qui sont ouverts aux introspections personnelles. Je ne peux que conseiller cette lecture.

Je remercie Louve du Forum Mort Sure et les éditions de l’Archipel pour cette œuvre intense et pleine de bons sentiments.
 
Chronique de Walkyrie

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