mercredi 21 mai 2014

Le Domaine de R (Tome 1) de Jacques Sadoul

Année d'édition : 2014
Edition : rivière blanche
Nombre de pages : 452
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
1 - La Passion selon Satan (1960)
2 - Le Jardin de la licorne (1977)
3 - Les Hautes Terres du rêve (1979)
4 - La Mort du héros (1984)

Depuis près de sept siècles, Joachim Lodaüs vit seul dans le manoir du Domaine de R., en compagnie d'Aï-d'Moloch, un chat noir aux yeux de soufre. Vers cette terre maudite, Josette Rueil se sent attirée ! Pourtant elle n'a aucun souvenir de ses visites là-bas. Ses rêves dénudés et bientôt ses terribles cauchemars se chargeront de lui apprendre la vérité des heures vécues auprès du châtelain. L'insoutenable révélation poussera Josette à la mort - à moins qu'il ne s'agisse d'un commencement.…

Pourquoi ce magicien noir, maudit des hommes et des dieux, décide-t-il d'engager Sandra ? Pourquoi invite-t-il au Domaine de R. un amnésique, un simple d'esprit, une pauvresse et un vagabond ? Chaque nuit, Sandra trouve refuge dans cet étrange Monde des Rêves auquel les pouvoirs de Lodaüs lui permettent d'avoir accès, un univers cruel et fantastique dans lequel elle s'éprend du féroce seigneur Tsian-Cheng... Mais, pour Sandra, cela ne vaut-il pas mieux que d'affronter la terrifiante réalité du Domaine de R. ? Quand ses amis, inquiets de sa
disparition, font appel à un occultiste, six princes-démons, à la tête de leurs milices infernales, cernent alors le Domaine...

Dans ce Monde des Rêves, Sigurd le héros a rencontré la nymphe Mylène, qu'on dit dangereuse et douée de pouvoirs magiques. Pourtant, c'est grâce à elle qu'il gagnera le trésor des Nibelungen et délivrera la belle Gudrun...

Tous les ingrédients du roman fantastique se retrouvent dans cette série : Alchimie, quête magique, Nécronomicon, manoir maudit, villes enchantées, sorts et démons. Le Domaine de R., dédié à H.P. Lovecraft, est un monument de l'imaginaire.




Un récit complexe, épique et riche qui contentera certainement pleinement les fanatiques de l’imaginaire pur.

Le Domaine de R tome 1 est un recueil de quatre romans de Jacques Sadoul écrits entre les années 60 et 80. Les trois premiers romans ; La passion selon Satan, Le Jardin de la Licorne et Les Hautes Terres du Rêve sont étroitement liés et appartiennent à une trilogie mêlant monde réelle et monde onirique. Le  quatrième roman, La mort du héros, malgré la présence du monde onirique développé dans la trilogie, est plus indépendant et axé sur le mythe d’un héros nordique.

La trilogie nous conte l’histoire d’un puissant mage maléfique du nom de Joachim Lodaus régnant en maître manipulateur sur le Monde des Rêves et la Terre des réalités. Accompagné d’un chat étrange télépathe, Aï-d’Moloch et vivant au Domaine de R, endroit maudit par les habitants environnants, il manipule les êtres en quête d’immortalité suprême depuis des centaines d’années.

Dans le premier roman, Josette, une humaine de 19 ans, est attirée par ce domaine et habitée de rêves au tendance érotique jusqu’à son suicide soudain. Didier, un ami de Josette cherche à comprendre cette disparition mystérieuse et se retrouve au cœur d’une quête extraordinaire dans le Monde des Rêves en compagnie d’un démon apparaissant sous les traits d’une belle jeune femme, Mylène. A travers ses périples plus dangereux les uns les autres, il rencontre les Hauts Seigneurs du monde onirique, violent et plein de fourberie, régnant par leur richesse et leur cruauté et découvre les divers paysages le constituant.

L’auteur pose son monde en prenant le temps d’un roman entier dense et complexe. Ce premier roman instaure donc le monde créé par l’auteur et les innombrables personnages. Il en est presque indigeste tellement les personnages et les lieux nombreux, et les va et vient entre les rêves et la réalité nous désorientent quelque peu. Il est difficile de s’imprégner aisément de cette histoire, qui semblent parfois décousue et éparpillée. Pourtant, il faut s’accrocher car les deux romans suivants sont plus faciles d’accès et nettement plus appréciables une fois le monde et les personnages assimilés.

Le deuxième roman est plus axé sur la religion et les croyances en générales ; Dieux et Démons sont les principaux sujets et acteurs du Jardin de la Licorne. Joachim Lodaus est toujours le Maître de ce jeu d’échec grandeur nature, il déplace ses pions comme bon lui semble dans un but bien précis. Il engage Sandra, humaine et infirmière trentenaire au Domaine de R pour s’occuper d’un étrange malade, Modeste. La nuit Sandra s’évade dans des songes merveilleux mais aussi dans les tourments du Monde des Rêves. On découvre, à travers ses rêves, davantage ce monde imaginaire avec ces personnages bons et mauvais mais tout aussi indispensables. D’autres personnages du monde réelle font leur apparition et ont leur rôle à jouer dans les sombres desseins du mage noire. L’apothéose de ce récit est la révélation qui attend le lecteur à la fin après une lecture perplexe et méditative sur les croyances multiples.

Le troisième roman conte les aventures oniriques de Sandra qui est entrée, corps et âme, dans le monde des rêves grâce à Lodaus. A l’image de Didier dans la passion selon Satan, nous suivons son voyage court et magique dans les Basses Terres des Rêves, monde innocent et sans danger, créé à l’image des rêves d’enfants. Puis, ennuyée, elle s’aventure au cœur des dangers des Hautes Terres, créées à l’image des rêves d’adultes. L’ombre du magicien semble  présente pour la protéger des périples risqués qu’elle traverse toujours victorieuse. Dans le monde réelle, un homme, professeur de psychologie paranormale, est contacté pour tenter de nuire au Maître. A côté de cela, les démons et leur milice respective se regroupent pour assiéger le Domaine de R.

L’auteur balade encore le lecteur, le perd, joue avec lui, les choses paraissent parfois décousues, sans lien apparent et pourtant ce n’est pas du tout le cas, tout est lié, l’auteur a bien réfléchi aux liens des différentes actions et des différents personnages, chacun a son rôle, chaque acte à son importance, rien n’est fait au hasard ; l’auteur nous surprend par son imagination. Les fins sont plutôt époustouflantes tout en étant évidentes avec un dénouement abouti qui, d’un coup, fluidifie l’ensemble du récit.

La mort du héros est très différent, axé sur un récit fantasy et un mythe nordique. Il nous conte l’histoire d’un héros au funeste destin. Sigurd, prince du royaume du Nord, parcourt les contrées des Hautes Terres en quête de gloires et de richesses. Tous les ingrédients du genre sont réunis ; héros fort et courageux, princesse à sauver, nains à combattre, nymphe, trésors démesurés protégés par un dragon, des grottes aux sombres secrets, des montagnes infranchissables, des îles imprenables et des quêtes incroyables. Le héros est mis en action dans le monde onirique, on y retrouve donc les Hauts Seigneurs, leurs femmes et leurs environnements respectifs. Le monde réelle est ici complètement occulté au profit d’une aventure épique et chevaleresque teintée d’honneur et de trahisons. Personnellement, c’est le roman que j’ai préféré.

L’ensemble de ce premier tome se caractérise par une richesse du genre de l’imaginaire ; beaucoup de fantastique, un peu de fantasy et quelques clins d’oeil à la science – fiction. Entre les légendes et mythes oniriques et les croyances et paganisme du monde réel, il regorge de créatures aussi terrifiantes que féroces, de démons puissants, de sorcier maléfique, de seigneurs cruels, de châteaux aux allures enchantées mais riches d’actes violents, de tortures et de nombreuses morts, sans être sanglant pour autant. Les environnements sont aussi divers que les personnages, des plaines verdoyantes aux montagnes brumeuses accidentées, en passant par des plateaux désertiques pleins de mirages se contrastent aux citadelles crasseuses où le petit peuple est voué à son Seigneur et les femmes seules à l’esclavagisme… Ce recueil fait donc la part belle au fantastique et à l’imaginaire : alchimie, magie noire, démonologie, quêtes héroïques… L’œuvre est, par ailleurs, orné d’un érotisme omniprésent ; des femmes nues, des scènes de sexe suggestives et des paroles masculines parfois avilissantes pour la femme. A ce sujet, celle – ci est relativement maltraitée dans l’ensemble des romans ; viols, tortures, esclavagisme et harem de seigneurs cruels…

L’écriture de l’auteur est riche et complexe, relativement stylisé et reconnaissable, il use d’un vocabulaire ciblé et étoffé qui ne facilite pas toujours la lecture. On sent cependant toute sa passion et ses connaissances pour les récits fantastiques.

Bref, vous l’aurez compris le Domaine de R est un récit très dense qui n’est pas forcément aisé à lire et qui est essentiellement destiné aux fans du genre. Personnellement, passé le premier roman qui m’a paru assez difficile, je me suis plongée avec de plus en plus de plaisir dans les romans suivants. Je retrouverai donc avec grand plaisir ces personnages divers et ce monde aussi magique que cruel dans une suite prochaine.

Je remercie les éditions Rivière Blanche et Louve du forum Mort Sûre pour ce partenariat généreux !


Chronique de Walkyrie

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