jeudi 25 octobre 2012

Les Cloches de l'Enfer de John Connolly

Année d'édition : 2012
Edition : l'archipel
Nombre de pages : 316
Public visé : Young Adult
Quatrième de couverture :
A 11 ans, samuel Johnson déjoue les plans machiavéliques de l'horrible Ba'al, un démon qui prépare l'invasion de la terre et l'avènement de son maître : Le Mal Suprême.
2 ans plus tard, Ba'al n'a toujours pas digéré son échec quand arrive enfin l'heure de la revanche. Et c'est ainsi que Samuel et son chien Boswell se retrouvent propulsés en Enfer ...
Ba'al n'en fera qu'une bouchée ! Promis, juré. Mais il oublie un peu vite les ressources insoupçonnées de Samuel et de ses compagnons d'infortune : quatre nains énervés, deux agents de police tatillons et un marchand de glaces.
Et puis Samuel pourra aussi compter sur le soutien d'une vieille connaissance : Nouilh, petit démon aussi gaffeur que poltron. Qui donc, à la fin, se fera sonner les cloches ?
 


Le graphisme de la couverture m'a beaucoup plu, j'ai pensé un instant à un Tintin et Milou face au Minotaure (si, regardez mieux Very Happy ) . Je ne parle même pas du titre , qui m'a donné des frissons musicaux : "Hell's Bells" ! J'ignore s'il y a le moindre clin d’œil, mais en tout cas ça m'a interpelé !

Ce roman est une suite
, qui peut être lu indépendamment du tome 1 sans problème. Dans le tome 1, Les Portes, les Portes de l'Enfer se sont ouvertes suite à une malheureuse expérience scientifique , et aux curieux voisins d'un petit garçon : Samuel. Mme Abernathy, habitant au n°666 de sa rue, va se retrouver possédée par Ba'al, et tentera d'envahir la terre à la tête des légions infernales.Plan que feront capoter Samuel,11 ans, son petit chien, et le Démon Nouilh.

La quatrième de couverture nous résume parfaitement la situation
: quinze mois plus tard, les héros du tome 1 vont se retrouver réunis en Enfer, face à une Mme Abernathy très en colère . Elle est décidée à retrouver les faveurs du Seigneur des Enfers très déçu par son échec. C'est le moment que choisissent les scientifiques pour tenter discrètement de redémarrer le "collisionneur de particules "...

John Connolly parvient à commencer son récit rapidement, sans les longueurs inutiles que génèrent souvent les résumés de tomes précédents . Les rappels ne m'ont gêné à aucun moment, et ne m'ont pas donné l'impression d'avoir manqué une lecture indispensable à la compréhension du livre. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié que l'auteur fasse un petit aparté destiné aux lecteurs qui, comme moi, ont ouvert Les Cloches de l'Enfer sans avoir lu Les Portes : "Mais, entre nous, qu'est-ce qui vous prend d'attaquer le deuxième tome de cette histoire avant d'avoir lu le premier ? Franchement ? Vous enfilez vos chaussures avant vos chaussettes ou votre pantalon avant votre slip, aussi ? Résultat, les autres lecteurs doivent prendre leur mal en patience en sifflotant ou en faisant semblant d'inspecter leurs ongles pendant que je m'occupe de vous [...]" p.9 Moi, ça m'a fait sourire, tant de franchise Wink

Les personnages :

La quatrième de couverture m'a alléché avec sa présentation de personnages disparates, la perspective de lire ce mélange hétéroclite en vadrouille en Enfer : "Samuel et son chien Boswell/quatre nains énervés, deux agents de police tatillons et un marchand de glaces/Nouilh, petit démon aussi gaffeur que poltron". Le mélange est explosif !
Ils sont nombreux, mais tous intéressants. Jusqu'aux gardiens des portes du palais du Souverain des Enfers , Tronblon et Tronchard. L'auteur arrive à donner de l'épaisseur , une place réelle dans le roman, à tous ceux que l'on croise. Je ne vais vous parler ici que de quelques uns d'entre eux :
Le plus horrible est sans doute Mme Abernathy, dont la description est une horreur dégoûtante mais plutôt drôle dans son costume de peau humaine : il a trouvé son "moi" profond, son identité ...Féminine, et ce n'est pas si facile quand on est le Commandant des Légions de l'Enfer. Pour moi, ce roman est celui de Mme Abernaty puisque c'est ainsi que l'on nomme Ba'al désormais. Elle en est le vrai personnage principal .
Samuel Johnson, 12 ans et ses problèmes sentimentaux , qui a sauvé le monde mais n'arrive pas à inviter une fille à sortir avec lui. Cette façon de nous présenter Samuel m'a rappelé la plume de Stephen King, sa lucidité cruelle teintée d'humour devant les difficultés de l’existence d'un adolescent, mais d'un grand sérieux (et d'une grande efficacité) quand il s'agit de combattre le mal.
Il y a les truculents "Elfes" qui sont en fait quatre personnes de petites tailles tire-au-flancs et pleines de mauvaises habitudes, aux noms dignes des 7 nains de Blanche-Neige : Roupillard, Braillard,Furibard et Bredouillard. Au chômage à cause de leur caractère irascible et de leur propension à faire capoter tous leurs contrats, ils sont aspirés en Enfer en même temps que les agents de police qui tentaient de les interpeler...
Samuel croisera Vieux bélier en Enfer : je n'ai pas pu m'empêcher d'y voir un clin d’œil au Monsieur Tumnus de Narnia, mais là c'est peut-être mon imagination débridée Very Happy
Les scientifiques, " effrayants" de certitudes mélangées à leur technique "Allons-y, on verra bien...Tiens, ça n'explose pas ?".

Le rythme du récit est plaisant
: les chapitres ne font qu'une dizaine de pages environ, ce qui est très agréable pour ce type de texte. On suit à la fois les pérégrinations de nos héros perdus, leurs rencontres avec les damnés, les recherches entreprises par le camp adverse, et le désarroi des scientifiques restés sur terre.

L'humour devait être au rendez-vous et je n'ai pas été déçu ! J'ai ri en lisant, ce qui est très rare, si je considère que seul Terry Pratchett sait me faire rire à gorge déployée pendant une lecture.
Je vous ai déjà parlé des personnages, et vous aurez compris qu'à eux seuls ils participent largement à l'humour du roman.
Les sous-titres
m'ont tous fait sourire. Celui du chapitre 1, par exemple : "Où l'on se retrouve en Enfer-Mais on n'y fait que passer, alors pas de panique".
Mais, pour une grande part, les notes en bas de pages sont responsables de la plupart de mes sourires. Sans comparer (à l'incomparable) Terry Pratchett, les notes en bas de page font partie intégrante du récit, et permettent une interaction imaginaire avec l'auteur : il nous raconte des anecdotes, digresse avec humour, ou nous détaille des théories ou recherches scientifiques : un vrai bonheur !
Nous est d'ailleurs révélée la réponse à la plus grande question de l'humanité : qui, de la poule ou de l’œuf, était là en premier. non, je ne dirai rien, il vous faudra le lire tongue
Cela crée un mélange de tons qui est agréable et drôle : quand on passe des démons des blagues ratées à Stephen Hawking en quelques pages, il faut maîtriser son sujet sans être pontifiant : j'ai trouvé que John Connolly maîtrisait très bien ce mélange, au point d'avoir envie de lire le tome 1 après le 2, rien que pour voir ce que j'avais loupé en bas des pages Very Happy

Attention, il ne s'agit pas ici d'un roman comique, mais plutôt d'un habile mélange de styles. Les luttes intestines aux seins des légions démoniaques sont vraiment bien décrites : des trahisons et manipulations dignes des Borgia ! Au niveau esthétique même, les descriptions des personnages démoniaques sont inédites, l'auteur ne nous livre pas un remâché de Lovecraft. Les personnages infernaux sont dignes et fourbes à la fois, tellement humains par leurs préoccupations et leurs envies de pouvoir !
Le paysage infernal a une topographie intéressante, et les rencontres avec les damnés sont vraiment bien menées . Que ce soient leurs crimes, leurs châtiments, rien là non plus qui serait une remâché de Dante : beaucoup d'imagination mais sans se prendre au sérieux, il n'y a rien de prétentieux dans l'écriture de ce roman.
Il y a d'ailleurs une phrase de Nouilh que j'aimerai partager avec vous. Quand l'agent Rowan lui demande : "-Quand êtes-vous devenu si intelligent?" Il lui répond : "-Quand j'ai compris que je n'étais pas si intelligent que je le croyais" A méditer...

Les idées germent sans partir dans tous les sens, c'est une lecture que je juge accessible à tout âge. L'écriture de l'auteur est très agréable : un langage soutenu , foisonnant d'images, et plein d'humour. C'est un divertissement très agréable, un roman très sympa que je conseille de lire de la même façon que l'auteur l'a écrit : avec plaisir, sans prétention, mais avec beaucoup d'attention.

Bonne lecture

Chronique de Hellza

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