dimanche 12 mars 2017

Conversion de Katherine Howe

Année d'édition : 2016
Edition : Le livre de poche
Nombre de pages : 467
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture :
Colleen, Deena, Emma et Anjali sont en terminale dans le prestigieux lycée St Joan. Colleen est sur le point d'être acceptée à Harvard et ne pense plus qu'à cela.
Un jour de janvier, une de ses camarades est prise de convulsions. très vite, d'autres élèves présentent d'étranges symptômes : perte de cheveux, paralysies, quintes de toux... La presse s'empare de l'affaire, un vent de panique souffle sur St Joan. Mais pas question pour Colleen de se laisser déstabiliser : elle doit travailler sur la pièce Les Sorcières de Salem, d'Arthur Miller.
Et ses recherches l'amènent en 1692. au moment du procès des sorcières de Salem, à la rencontre d'Ann Putman, qui fit semblant d'être ensorcelée...
Les époques se croisent, les drames se nouent. Qu'arrivent-ils aux élèves de St Joan ? Et si la réponse se trouvait dans le passé, trois siècles plus tôt ?






Pour l’écriture de ce roman, Katherine Howe s’est inspirées de deux faits réels.

Tout d’abord, celui de jeunes lycéennes de New-York ayant été victimes de symptômes physiques étranges dont personne ne semblait pouvoir déterminer la cause. L’auteure nous propose une réinterprétation de ce fait au travers des personnages de Colleen et de ses amies Emma, Deena et Anjali, collégiennes en Terminale au prestigieux collège privé et élitiste de St Joan, dont les élèves semblent être victimes d’une maladie mystérieuse. Ces adolescentes présentent toutes des symptômes similaires à ceux du syndrome de Gilles de la Tourette. Explosions verbales incontrôlées, bégaiements, tics physiques et faciaux. Mais quelle est donc la cause de cette étrange maladie ? Plusieurs hypothèses sont avancées : réaction allergique à un vaccin, hystérie collective où troubles de la personnalité suite à une soumission à un stress intense.

Via ce fait divers, l’auteure soulève notamment la thématique de l’énorme pression que subissent ces élèves de Terminale des divers collèges américains dont on exige la perfection en permanence. En effet, pour intégrer les meilleures universités, ces étudiantes doivent se dépasser et travailler d’arrache-pied, voir plus encore, pour obtenir les meilleures notes afin de peut-être avoir la chance d’intégrer le campus de leur choix. Car oui, ce n’est pas vous qui choisissez votre école, mais l’école qui vous choisit ! Le personnage de Colleen incarne à la perfection ce rôle d’étudiante modèle, studieuse à l’excès, sans cesse en compétition, notamment avec l’une de ses camarades de classe, afin d’avoir l’honneur de pouvoir prononcer le discours de fin d’année. Les amitiés, même celles de longue date que l’on pense inébranlables, sont mises à rude épreuve. C’est ce que Colleen constatera avec son amie Emma lorsqu’elle lui annonce son acceptation à Harvard. Emma ne peut s’empêcher de ressentir une pointe de jalousie, car son dossier à elle a été mis sur liste d’attente. Mais ce n’est pas tout, Colleen est tellement absorbée par sa course aux meilleures notes, qu’elle ne remarque même pas la profonde détresse dans laquelle s’enlise son amie d’enfance. A force de vouloir être la meilleure, Colleen risque de passer à côté des plaisirs et de l’insouciance de l’adolescence.

En parallèle, Katherine Howe nous fait remonter le temps jusqu’en l’an 1706 et nous propose de vivre le procès des sorcières de Salem au travers de la confession d’An Putnam, l’une des jeunes filles ayant accusé à tort certain villageois de sorcellerie, accusations à l’origine du fameux procès de Salem.

D’une certaine manière, An est-elle aussi soumise à une pression sociale intense. En effet, à l’époque, il était important de se faire bien voir et d’agir comme étant une fille de bonne famille aux manières parfaites. Les conséquences d’un écart de conduite pouvaient s’avérer non seulement douloureuses mais également très préjudiciables pour la réputation de toute la famille. Est-ce pour cette raison qu’An n’a alors pas osé avouer que toute cette histoire de prétendue sorcellerie n’était qu’un vaste mensonge qui a pris des proportions démesurées. Cependant, le poids de la culpabilité semble l’avoir rattrapée.

C’est d’un point de vue historique que l’auteur aborde cet épisode de l’Histoire. Bien qu’elle se soit permis quelques libertés, Katherine Howe s’est basée sur des faits historiques avérés, relatés dans le témoignage d’An Putnam qui nous éclaire sur comment une communauté a été entrainée dans une hystérie mystique par l’imagination de petites filles. Donc, pas d’extravagances paranormales, de sabbats dans les bois, de sorcières à califourchon sur des balais.

Associé à un style fluide et très plaisant à lire, l’auteure a choisi de construire son récit en alternant les époques dans chacun des chapitres. Cette fragmentation de l’histoire permet de soulever petit à petit le voile de mystère entourant les faits qui se sont déroulés à ces deux époques éloignées. Au fur et à mesure des déclarations d’An, Colleen s’enlise de plus en plus dans son enquête concernant la maladie mystère qui touche son école. Plus elle pense approcher de la vérité, plus le champ des diverses explications probables s’élargit. Il faut dire que de plus en plus d’acteurs entrent en jeu et pensent détenir LA vérité (Médias, spécialistes comportementalistes, pathologistes, ministère de la Santé…). Cependant, Colleen est la seule à avoir remarqué un détail plutôt troublant. En effet, Danvers, et plus précisément l’endroit où se situe le collège St Joan, n’est autre que le lieu où se dressait la tristement célèbre bourgade de Salem.

Alors, les amies de Colleen sont-elles en proie à un phénomène paranormale dont il faut chercher l’origine dans le folklore local ? Où jouent-elles la comédie tout comme An Putnam et ses amies de l’époque ? À vous de le découvrir si vous souhaitez accompagner Colleen dans sa quête de la vérité et écouter, enfin plutôt lire, le récit troublant d’An.

Quant à moi, c’est totalement convertie que je ressors de cet excellent moment de lecture que je conseille vivement aux personnes ayant un faible pour les romans basés sur des faits réels ainsi qu’à ceux qui souhaitent en savoir plus sur le procès des sorcières de Salem.

Chronique de Serpentinne
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