samedi 9 mai 2015

Malefica tome 1 : La voie du livre de Herve Gagnon

Année d'édition : 2015
Edition : pocket
Nombre de pages :
Public visé : Adulte
Quatrième de couverture : En l’an 1639, la France est aux prises avec les révoltes populaires, la famine et un clergé qui voit le mal partout. On brûle comme sorcières toutes les femmes qui ont le malheur de ne pas correspondre au dogme catholique. Dans le petit village d’Abelès, Anneline Dujardin, sa mère Catherine et sa fille Jeanne, guérisseuses comme toutes leurs ancêtres, coulent des jours paisibles jusqu’à ce que le nouveau curé lance l’Inquisition à leurs trousses. Dans un hameau voisin, l’armurier François Morin voit sa femme et sa fillette sauvagement assassinées par un gabeleur et ses hommes. Il exerce une vengeance terrible et se retrouve hors-la-loi. Unis dans le malheur, dépositaires d’un mystérieux grimoire qui remet en question la légitimité de Louis XIII, Anneline et François tenteront d’échapper à l’inquisiteur, au prévôt de justice, aux mousquetaires du roi et au cardinal de Richelieu. S’enclenche alors une frénétique chasse au trésor, dont l’issue déterminera le sort des deux trônes : celui du royaume de France et celui de saint Pierre.

Dans les années 1630, le petit village d’Abelès abrite depuis toujours une famille un peu particulière: les Dujardin, sages-femmes et guérisseuses de mère en fille. La vieille Catherine transmet ses secrets à sa fille Anneline et à la petite Jeanne, d’une dizaine d’année, et veille sur le Livre. Tout le village connaît leur talent pour soulager l’enfantement, replacer les membres abîmés, guérir les blessures les plus graves, et elles vivent en bonne entente avec le vieux curé qui met de côté ses scrupules devant leur efficacité. La mort de ce vieil allié et l’arrivée d’un nouveau curé bien plus proche des idées de l’Inquisition n’est pas de très bonne augure pour elles. Dans le village voisin, alors que François Morin savoure son bonheur auprès de sa jolie épouse et de sa fille, un gabeleur vient réclamer une somme exorbitante aux habitants déjà bien pauvres. Pris à parti, François conteste la somme. La punition ne se fait pas attendre: tandis qu’il s’évanouit sous les coups de fouet, sa famille est massacrée. Détruit, submergé par la haine, il pourchasse alors le gabeleur de sa vengeance et, en fuite, blessé, à moitié mort, croise Anneline dans la forêt…

Passé le titre de la série un peu racoleur, j’ai vraiment beaucoup aimé ce roman. Chasse aux sorcières et inquisition sont des thèmes que je trouve fascinants. Nous sommes bien loin des sorcières aux pouvoirs surnaturels fulgurants que nous vend la littérature de l’imaginaire. Elles sont avant tout des femmes en communion avec la nature, qui savent utiliser les remèdes à leur disposition pour remettre les corps d’aplomb, qui connaissent les recettes d’onguents réparateurs. De magique, c’est à peine si elles montrent ce magnétisme qui leur permet de soulager la douleur par simple application des mains. Mais si elles dérangent, c’est surtout parce qu’elles sont femmes, soudées, et libres: elles se passent de mari, de confession et même d’enfant si elles le souhaitent. Profondément vivantes, lumineuses, bien dans leur peau, ces trois femmes sont très attachantes et si l’histoire se focalise assez vite sur Anneline, j’ai beaucoup aimé la petite Jeanne et sa spontanéité perspicace qui en fait une véritable bouffée de fraicheur.
Elles forment un contraste saisissant avec François, qui se forge une réputation de démon à travers la région, qu’il arpente sous sa cape noire, l’épée à la main, en quête de sang à faire couler. Son drame et la folie dans laquelle il sombre petit à petit le rendent tout à fait pathétique et presque effrayant, à la mesure des ennemis qu’il s’est fait. Car il en faut, de la détermination ou de la folie, pour affronter les hommes les plus puissants du royaume en terme politique ou religion, en plein dix-septième siècle. Intéressant que les vraies sorcières soient aussi rassurantes et que la seule créature vraiment dangereuse soit un homme.
Autour d’eux, on redécouvre un contexte perturbé d’obscurantisme religieux. Les méthodes de torture de l’Inquisition ne sont pas atténuées, loin de là: des plus barbares aux plus raffinées, l’homme ne manque pas d’imagination quand il s’agit de faire souffrir. Si, en bon premier tome, le roman ne fait qu’effleurer les implications politiques du savoir ancestral détenu par la famille Dujardin, il n’hésite pas à lancer à leur poursuite, après les plus virulents inquisiteurs, les légendaires mousquetaires du roi et le cardinal de Richelieu lui-même. Plus le roman avance, plus le contexte historique est précis et soigné, et je serai curieuse de voir ce qu’il en advient dans les tomes suivants.

Chronique de Mélusine

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